GAZA

Les «pauses» dans les bombardements ne sont pas «humanitaires» : les civils de Gaza ont besoin d’un cessez-le-feu

Médecins du Monde refuse de qualifier d’« humanitaires » les pauses dans les hostilités à Gaza, car elles sont bien loin d’être en mesure d’apporter une véritable réponse humanitaire. Seul un cessez-le-feu immédiat et total, une augmentation significative de l'accès à l’aide humanitaire et le rétablissement des approvisionnements de base peuvent répondre aux immenses besoins des 2,2 millions de civils dans l'enclave.

Une école de l'ONU abritant des milliers de personnes déplacées. Novembre 2023 © MdM

Une école de l'ONU abritant des milliers de personnes déplacées. Novembre 2023 © MdM

68 % des civils tués sont des femmes et des enfants

Les organisations humanitaires internationales, en particulier les agences des Nations Unies, ont été extrêmement claires : ce qui est urgemment nécessaire à Gaza est un cessez-le-feu. Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, « Gaza est en train de devenir un cimetière d’enfants », 68 % du nombre alarmant de civils tués étant des femmes et des enfants. L’ensemble des infrastructures civiles, et en particulier le système de santé, nécessitent une réponse humanitaire massive, dont l’ampleur exige un arrêt complet des hostilités. Quelques heures de pause dans les bombardements ne peuvent pas être considérées comme « humanitaires » car elles ne permettent pas d’acheminer les volumes importants d’aide vitale dont 2,2 millions de personnes ont désespérément besoin. Chaque minute passée à Gaza sans cessez-le-feu coûte davantage de vies humaines. Le discours donnant l’illusion que des pauses de quelques heures dans les bombardements constitueraient une réponse humanitaire adéquate est faux et dangereux.

Les pauses humanitaires ne sont pas suffisantes

De nombreuses sources, dont OCHA, ont rapporté à plusieurs reprises que les frappes aériennes israéliennes avaient touché des hôpitaux. Les structures de santé bénéficient d’une protection particulière en vertu du Droit International Humanitaire (DIH) et ne doivent jamais être considérées comme des cibles militaires, en particulier lorsqu’elles sont devenues des abris d’urgence pour plus de 100 000 personnes déplacées. Les quantités d’aide nécessaires pour soutenir les infrastructures de santé endommagées, surpeuplées et en pénurie à Gaza exigent qu’un accès humanitaire permanent et sûr soit assuré. L’acheminement de l’aide pendant de telles « pauses » ne peut qu’être extrêmement insuffisant compte tenu de la catastrophe humanitaire et de santé publique actuelle.

De plus, il semble que ces pauses ne concerneront que certaines zones de l’enclave et viseront à permettre le déplacement de la population du nord de la bande de Gaza vers le sud à travers des « couloirs ». Le DIH insiste sur le principe selon lequel « le déplacement de la population civile ne doit pas être ordonné pour des raisons liées au conflit ». Plus de 1,5 million d’habitants sur 2,2 millions à Gaza sont aujourd’hui déplacés. Les ordres militaires israéliens d’évacuer les civils du nord de Gaza conduisent à une grave situation de surpopulation dans le sud, que les infrastructures civiles déjà épuisées n’ont pas la capacité de soutenir. Par conséquent, ces pauses pourraient ne faire qu’augmenter les déplacements massifs du Nord et aggraver la concentration de la population dans le Sud, avec des conséquences désastreuses en termes de pénurie de ressources et de propagation de maladies infectieuses. Comme le stipule la Quatrième Convention de Genève, les civils doivent impérativement être autorisés au retour après la cessation des hostilités.

Nécessité d’un cessez-le-feu immédiat pour que les opérations humanitaires puissent être à la hauteur des besoins

L’accès humanitaire complet, sûr et sans entrave ne peut être dissocié de l’appel à un cessez-le-feu immédiat. L’aide humanitaire et les services médicaux restent cruciaux pour la population de Gaza, dont la survie est non seulement menacée par les hostilités mais aussi par le manque d’eau potable, de nourriture, la propagation des maladies due à la surpopulation, le manque de fournitures médicales pour soigner les patient·es blessé·es et ceux souffrant de troubles médicaux, ainsi que l’effondrement général de l’infrastructure civile. Les organisations humanitaires doivent immédiatement pouvoir atteindre tous les civils à Gaza en toute sécurité et sans interruption de l’acheminement de l’aide. De plus, le siège total et l’interruption des approvisionnements imposés par le gouvernement israélien depuis le 9 octobre doivent être levés de toute urgence, car ils ne font qu’aggraver davantage la situation humanitaire à Gaza. Il est à la fois de la responsabilité morale et de l’obligation juridique des États, en tant que signataires des Conventions de Genève, d’enclencher immédiatement ce qui est nécessaire pour protéger les vies civiles à Gaza : forcer les parties belligérantes à un cessez-le-feu immédiat.