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Explosion de la violence en Cisjordanie

Médecins du Monde appelle de toute urgence à une intervention diplomatique auprès du gouvernement israélien pour protéger les communautés de Cisjordanie menacées de transferts forcés en raison de la violence des colons, ainsi qu’à rétablir le plein accès humanitaire.

L'équipe de Médecins du Monde apporte du soutien en santé mentale aux familles touchées par les incidents liés à l'occupation. Ici, en mai 2023, près de Bethléem. © MdM

L'équipe de Médecins du Monde apporte du soutien en santé mentale aux familles touchées par les incidents liés à l'occupation. Ici, en mai 2023, près de Bethléem. © MdM

Augmentation de la violence des colons depuis le 7 octobre

Tandis que l’attention de la communauté internationale est concentrée sur la catastrophe humanitaire et de santé publique qui ne cesse de s’aggraver à Gaza sans la mise en place d’un cessez-le-feu, de graves violations du droit international humanitaire (DIH) et des Droits Humains sont commises en Cisjordanie par les colons israéliens.

Selon OCHA, 828 personnes, dont 313 enfants, ont été déplacées de force de leurs terres en raison de la violence des colons ou des restrictions de mouvement, tandis que les acteurs humanitaires sont empêchés d’accéder à ces populations. En outre, 121 Palestiniens, dont 33 enfants, ont été tués par les forces israéliennes et les colons depuis le 7 octobre, marquant une augmentation inquiétante du nombre de victimes civiles en Cisjordanie.

Médecins du Monde, qui fournit des services de santé mentale et psychosociaux d’urgence à la population civile palestinienne touchée par les incidents liés à l’occupation en Cisjordanie, souligne sa profonde inquiétude face aux niveaux extrêmement élevés de violence des colons au cours de ce mois d’octobre. Alors que OCHA enregistrait en moyenne 3 incidents de violence de colons au cours des mois précédents en 2023, ce nombre est passé à 7 depuis début octobre. 30% de ces attaques ont fait des victimes ou des dégâts matériels, des armes à feu ayant été utilisées dans des actes de menaces, d’intimidation et de tirs directs.

L’usage de la terreur, en toute impunité

Le déplacement forcé des familles palestiniennes issues de communautés pastorales de la zone C en Cisjordanie dû aux attaques des colons israéliens est une préoccupation majeure. 15 communautés ont été totalement ou partiellement déplacées de force depuis début octobre, affectant jusqu’à 828 personnes. Alors que le nombre d’attaques de colons a continué d’augmenter cette année, les abus contre les civils palestiniens par les colons deviennent plus fréquents et plus violents. Les colons israéliens utilisent la terreur contre les Palestiniens, pénétrant dans leurs communautés avec des armes, commettant des agressions physiques, menaçant de tuer et de torturer les familles si elles restent sur leurs terres, détruisant les propriétés et les installations civiles et ciblant les moyens de subsistance de la communauté en détruisant leurs terres au bulldozer, les abris de leurs animaux ou volant leur bétail. Ces agressions intensifiées perpétrées par les colons sont commises en toute impunité et souvent avec le soutien des autorités.

L’accès de l’aide humanitaire restreint

Les communautés de la zone C connaissent depuis longtemps un sentiment d’insécurité, de peur et d’instabilité alors que la violence des colons voisins ne cesse de s’intensifier. Alors qu’ils ont cruellement besoin de protection et de soutien, notamment psychologique, dans le contexte de la montée actuelle des attaques de colons, Médecins du Monde est confronté à des restrictions pour accéder aux communautés vulnérables nécessitant une réponse de services de santé mentale et psychosociaux. Depuis trois semaines, les restrictions de déplacement se sont multipliées, fragmentant encore davantage la Cisjordanie, fermant les centres urbains et isolant les communautés rurales de l’accès aux services essentiels. Tandis que certaines opérations humanitaires sont complètement entravées par ces restrictions de mouvement, l’utilisation de chemins alternatifs potentiels pour atteindre les communautés isolées est limitée par la situation sécuritaire des routes, cette dernière étant gravement affectée par la montée de la violence des colons.

Selon OCHA, 43 % de tous les cas de déplacements liés aux colons depuis janvier 2022 ont eu lieu depuis le 7 octobre 2023. Ces chiffres mettent en évidence une accélération sans précédent des déplacements forcés de Palestiniens. Profitant de l’attention diplomatique et médiatique portée aux hostilités à Gaza et en Israël, les saisies de terres et les déplacements des communautés pastorales de Cisjordanie augmentent rapidement.

La communauté internationale doit agir

Si aucune mesure n’est prise, de nombreux autres civils palestiniens vivant en zone C risquent d’être déplacés de force à cause de la violence des colons. Médecins du Monde, en tant qu’organisation humanitaire, appelle urgemment la communauté internationale à : 

  • Exigez que l’accès humanitaire complet, sûr et sans entrave soit rétabli, en particulier pour les communautés isolées ciblées par la violence des colons. Les restrictions de mouvement actuelles en Cisjordanie doivent être levées car elles restreignent l’accès humanitaire des civils, ainsi que leur accès aux services de base.
  • Exercer toute leur pression sur le gouvernement israélien pour qu’il protège les communautés de Cisjordanie qui risquent d’être transférées de force. Le gouvernement israélien doit utiliser ses pouvoirs exécutifs, législatifs ou judiciaires pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les Palestiniens et empêcher la violence des colons dirigée contre eux.