Ukraine

2 ans de guerre en Ukraine : les besoins urgents en santé

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, Médecins du Monde appelle à continuer à soutenir la population pour garantir l’accès à la santé physique et mentale.

UKRAINE_20230531_Auly-village-ambulatory_Khatyushina-Valentina ©-Till-Mayer

Médecins du Monde se rend dans le village d'Auly, dans l'oblast de Dnipropetrovsk, tous les mois. C'est la seule possibilité pour les habitant·es d'obtenir une consultation médicale. Mai 2023 © Till Mayer

 

Perte de proches, maladies, déplacements, incertitude, précarité économique et raids aériens permanents dans l’ensemble du pays… Depuis deux ans, la population ukrainienne est confrontée aux dures réalités de la vie dans un pays en guerre. À mesure que la situation se prolonge, les risques pour leur santé mentale et physique sont de plus en plus nombreux.

Médecins du Monde appelle la communauté internationale à soutenir le système de santé ukrainien, notamment en mettant l’accent sur les besoins de la population en termes de santé mentale.

Selon des données de 2023 compilées par le gouvernement et des ONG internationales, plus de la moitié de la population ukrainienne a été confrontée à une situation potentiellement traumatisante et requiert un accompagnement psychologique plus ou moins important. C’est à proximité de la ligne de front que la population souffre le plus, car elle ne peut pas accéder aux ressources de base, y compris aux soins. Dans d’autres régions du pays, une grande partie de la population est également exposée à un niveau inquiétant d’anxiété et d’impuissance.

« Le sentiment permanent d’incertitude est une vive source de stress. Les gens ne savent pas quand la guerre prendra fin. Ils ne savent pas quand leurs proches ou eux-mêmes seront réquisitionnés pour combattre sur la ligne de front. La guerre a renforcé des problèmes systémiques préexistants, tant au niveau individuel que communautaire. Au-delà de la terreur d’être tué par un missile, les problèmes quotidiens de la population sont toujours présents. Tout ceci peut causer de lourds symptômes psychosomatiques, des crises de panique, des dépressions ou pire encore », indique Panagiotis Chondros, coordinateur en santé mentale pour Médecins du Monde.

Médecins du Monde apporte son soutien au système de santé local

En parallèle, dans de nombreuses régions, le système de santé n’est pas en mesure de gérer les besoins de santé croissants de la population, exacerbés par le conflit. Médecins du Monde apporte son soutien au système de santé local en fournissant des unités de santé mobiles et en mettant des psychologues à disposition. Par ailleurs, notre ONG vise à soutenir les personnes avant qu’elles ne développent de graves troubles mentaux. Médecins du Monde forme par exemple des professionnel·le·s comme les médecins de famille et les travailleur·euse·s sociaux·ales. Le personnel médical apprend à repérer les signes avant-coureurs chez leurs patient·es.

Les sessions de théâtre constituent un autre outil innovant qui peut aider les personnes à faire face à leurs problèmes et permettent de créer du lien dans les communautés locales. » Pendant la première session, je ne pouvais pas parler. J’ai simplement pleuré. Cela fait plusieurs mois que j’ai des sessions individuelles avec la psychologue de Médecins du Monde et mon état émotionnel s’est nettement amélioré. Elle m’a appris à voir le monde différemment et j’ai maintenant la force de reprendre le cours de ma vie. « , témoigne Yuliya Nikolaenko, patiente de l’unité mobile de Médecins du Monde dans le village de Shyshkivka, oblast de Tchernihiv.

Depuis le début de la guerre, plus de 92’000 Ukrainien·e·s ont été soigné·e·s par le personnel de Médecins du Monde. Au total, les équipes ont fourni plus de 131’000 consultations. Et elles continueront d’accompagner la population, tant qu’il le faudra.

Pour y parvenir, il faut que les structures et le personnel de santé soient protégés. Depuis le début de la guerre, 122 professionnel·le·s de santé ont été tué·e·s et 237 ont été blessé·e·s. 21 travailleur·euse·s humanitaires ont été tué·e·s et 40 ont été blessé·e·s, la majorité d’entre elles et eux étant du personnel national. Médecins du Monde rappelle qu’en vertu du droit international humanitaire, les infrastructures et le personnel humanitaire ne doivent en aucun cas être pris pour cibles.