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Kymriah : Un traitement anticancéreux à 370'000 francs

Articles 03.07.2019
Kymriah

Médecins du Monde s’oppose au brevet du Kymriah®

Médecins du Monde s’oppose au brevet du Kymriah® qui octroie à Novartis une position de monopole lui permettant de fixer son propre prix sur ce traitement contre des cancers rares : CHF 370’000 par injection. Ce prix record dans le système suisse reflète la financiarisation extrême du marché pharmaceutique, aux dépens de l’accès aux soins. Médecins du Monde et Public Eye déposent aujourd’hui une opposition auprès de l’Office européen des brevets à Munich.

Le traitement CAR-T du Kymriah® est une thérapie génique contre des cancers du sang spécifiques et rares. Les lymphocytes T de la personne malade sont prélevés et génétiquement modifiés pour reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses. Ils présentent un espoir important, autant pour les personnes malades que pour les professionnel-le-s de santé ou les proches. Mais cet espoir, et l’approche personnalisée de cette nouvelle technologie de santé, fait l’objet d’un prix exorbitant : 370’000 francs par patient-e-s.

Ce prix ne reflète ni les coûts de production ni les investissements en recherche et développement. A l’image de ce qui est noté par l’Organisation Mondiale de la Santé dans un récent rapport sur le prix des médicaments anticancéreux, ce prix ne semble refléter que les objectifs financiers des entreprises.

Les brevets sur ces médicaments empêchent toute concurrence et permettent donc aux firmes d’exiger des prix exorbitants. En réalité, le Kymriah® n’est pas un médicament mais une prestation médicale, qui de plus n’a pas été inventée par Novartis mais repose massivement sur des recherches et des financements publics. Par la délivrance d’un brevet, le procédé est ainsi privatisé. Par ailleurs, le Kymriah® repose sur une technologie déjà connue. Dès lors, les conditions nécessaires à la brevetabilité ne sont pas remplies.

Les Etats acceptent ces monopoles et consentent à ces niveaux de prix sans jamais les interroger. A travers cette opposition au brevet, Médecins du Monde alerte les Etats et la société sur le prix de ces traitements et les risques qu’ils représentent, aujourd’hui et demain, sur l’accès aux soins ; une initiative qu’elle avait déjà menée à l’occasion de deux précédentes oppositions au brevet contre le sofosbuvir.