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Suisse : mieux protéger les personnes exerçant le travail du sexe contre les violences

Articles 17.12.2024
Thays – programme de Médecins du Monde pour les personnes exerçant le travail du sexe © Antoine Morata / MdM Suisse

© Antoine Morata / MdM Suisse

  • Suisse : mieux protéger les personnes exerçant le travail du sexe contre les violences

À l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux travailleur·euse·x·s du sexe, le 17 décembre, Médecins du Monde Suisse rappelle que ces professionnel·le·x·s restent parmi les plus exposé·e·s aux violences, sous de nombreuses formes : violences économiques, discriminations, violences sexuelles et physiques.

En 2024, Médecins du Monde a rencontré près de 381 personnes exerçant le travail du sexe à travers le projet THAYS, confirmant des atteintes aux droits de ces professionnel·le·x·s. Par exemple, dans le canton de Neuchâtel, les personnes exerçant le travail du sexe ont un statut d’indépendant·e. Elles sont libres de choisir leurs horaires de travail, prestations et tarifs. Pourtant, cette liberté ne les protège pas des différents types de violences que peuvent exercer les clients. De nombreuses personnes TdS sont confronté·e·s à des pressions économiques, à des pratiques abusives ou à un manque de contrôle sur leurs conditions de travail.

L’équipe du projet THAYS et une récente étude menée par ProCoRe – réseau national qui défend les droits et intérêts des travailleur·se·x·s du sexe – constatent des réalités préoccupantes :

  • Les violences économiques dominent : négociations abusives des tarifs, refus de paiement, chantage, ou propositions indécentes pour des rapports non protégés. Ces pratiques mettent en péril la santé physique et mentale des personnes exerçant le travail du sexe.
  • Les violences sexuelles, notamment le retrait non consenti du préservatif (ou stealthing), demeurent une réalité trop fréquente, aggravant la vulnérabilité des travailleur·se·x·s du sexe face aux infections sexuellement transmissibles.
  • Les violences physiques et psychologiques incluent insultes, coups, vol d’argent ou menaces de dévoiler leur activité.
  • Les actes discriminatoires restent monnaie courante, émanant de passant·e·s, collègues, ou parfois même des professionnels du service public.

Malgré ces défis, les personnes exerçant le travail du sexe adoptent des stratégies proactives pour se protéger : sélection rigoureuse des clients, refus des demandes dangereuses, et partage d’informations pour limiter les risques. Mais ces mesures individuelles ne suffisent pas face à un système qui laisse ces professionnel·le·x·s trop souvent seul·e·s et stigmatisé·e·s.

Les revendications de Médecins du Monde, en accord avec l’étude ProCoRe, sont les suivantes:

  1. Éliminer les obstacles juridiques : permettre aux personnes exerçant le travail du sexe un accompagnement adapté lorsqu’ils et elles souhaitent porter plainte.
  2. Investir dans la prévention : financer des campagnes de sensibilisation contre la stigmatisation, renforcer l’éducation sexuelle et informer sur le stealthing en tant que violence punissable.
  3. Responsabiliser les gérant·e·s et les forces de l’ordre : s’assurer que les conditions de travail soient sécurisées, justes et exemptes d’exploitation.
  4. Renforcer l’accès aux services : développer des centres de conseil accessibles et soutenir des projets qui favorisent le lien avec les travailleur·se·x·s du sexe pour une meilleure prise en charge du public cible.

Une mobilisation nécessaire pour les droits et le respect des personnes exerçant le travail du sexe             

Médecins du Monde Suisse, avec son projet THAYS, continue d’agir aux côtés des TdS, notamment en se rendant dans les salons et les appartements privés ainsi qu’en fournissant un accompagnement socio-sanitaire et en sensibilisant les institutions aux réalités du travail du sexe.

En ce 17 décembre, nous rappelons que les droits des personnes exerçant le travail du sexe ne sont pas encore pleinement respectés dans le canton de Neuchâtel.