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Financement de l'UNRWA : un retrait de la Suisse aggraverait la crise

Articles 23.10.2024
Gaza, novembre 2023. La population vient se mettre à l'abri dans un bâtiment de l'UNRWA. © MdM Suisse

© MdM Suisse

Le retrait imminent du soutien suisse à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) aggraverait encore la situation de la population civile dans la bande de Gaza, au Liban et dans toute la région. De nombreuses ONG suisses, dont Médecins du Monde, mettent en garde contre les conséquences d'une telle décision.

Lettre ouverte aux membres de la Commission de politique extérieure du Conseil des États (CPE-E)

Dans une lettre ouverte, de nombreuses organisations de la société civile suisse, dont Médecins du Monde Suisse, Amnesty International, Alliance Sud, Frieda, Jüdische Stimme für Demokratie und Gerechtigkeit (Voix juives pour la démocratie et la justice) ou le Forum pour les droits humains en Israël/Palestine, demandent à la Commission de politique extérieure du Conseil des États (CPE-E) de se prononcer en faveur de la poursuite du soutien helvétique à l’UNRWA.

Couper les vivres à  l'UNRWA a des conséquences dramatiques sur les populations à Gaza et au Proche-Orient. Il n'y a pas d'alternative humanitaire, la Suisse doit prendre ses responsabilités.

Morgane Rousseau, directrice de Médecins du Monde Suisse

Contexte actuel

L’UNRWA a pour mission de fournir aide et protection aux réfugié·e·s palestinien·ne·s jusqu’à ce qu’une solution juste et durable soit trouvée à leur situation d’urgence. À la suite des accusations portées par Israël en janvier 2024, l’office onusien avait ouvert des enquêtes et entrepris des réformes pour garantir son indépendance. Certain·e·s  collaborateur·ice·s sur place, soupçonné·e·s d’être proches du Hamas ou d’avoir soutenu l’attaque du 7 octobre contre le sud d’Israël, ont depuis lors été licencié·e·s. De nombreuses organisations humanitaires ont confirmé à maintes reprises ces derniers mois que les tâches assumées par l’UNRWA ne pouvaient être reprises par d’autres organismes ou autorités.

Selon la coordination de l’aide d’urgence des Nations Unies OCHA, plus de 1,4 million de personnes dans la bande de Gaza sont directement touchées par la famine et n’ont pas reçu de rations alimentaires en septembre. Près de 300’000 enfants âgés de 6 mois à 5 ans souffrent de malnutrition, parfois sévère. En raison de la destruction des infrastructures et des bombardements continus, les soins médicaux dans la bande de Gaza sont presque totalement paralysés. L’accès des organisations humanitaires est fortement limité sinon rendu impossible par Israël, qui a même dernièrement déclaré le secrétaire général de l’ONU « persona non grata ».

Suspension des contributions à l’UNRWA: une rupture avec la tradition humanitaire de la Suisse

Malgré cette situation, le Conseil national a proposé le 9 septembre 2024 de suspendre toute nouvelle contribution suisse à l’UNRWA. Et ce, bien que le Conseil fédéral – après approbation des deux commissions de politique extérieure – ait répondu en mai dernier à l’appel de l’UNRWA et versé une première tranche de 10 millions de francs. La décision du Conseil national n’est pas seulement accablante au regard de la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza, mais elle est le signe que la Suisse renonce à sa tradition humanitaire et à ses obligations en matière de droit international humanitaire.

La CPE-E discutera du financement de l’UNRWA lors de sa prochaine séance des 24 et 25 octobre 2024.