Ce n’est pas le moment de s’arrêter : défendre la prévention en santé sexuelle

© Santé Sexuelle Suisse
En février 2025, dans le cadre de mesures d’économies décidées par le Conseil fédéral et le Parlement, l’OFSP a annoncé une réduction de ses financements dédiés à la prévention du VIH, des hépatites et des IST. Face à cette décision, Santé Sexuelle Suisse et 47 autres organisations, dont Médecins du Monde Suisse, alertent sur les risques pour la santé publique et demandent le maintien des financements fédéraux. Pour défendre des projets essentiels, comme notre projet THAYS, elles appellent à une mobilisation le 16 septembre 2025, de 13h à 14h, sur la Place fédérale à Berne.
La prévention en matière de santé sexuelle menacée
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a annoncé la réduction du financement du programme national NAPS (« Stop au VIH, aux hépatites B et C, et aux infections sexuellement transmissibles »). Ce programme vise à prévenir la transmission du VIH, des hépatites B et C et à limiter la propagation des autres IST, contribuant ainsi à améliorer la santé sexuelle de toute la population. Les coupes annoncées vont directement impacter le volet prévention, qui soutient les actions concrètes auprès des populations vulnérables et l’accès aux soins.
Cette décision inquiète fortement les acteurs de la santé. Santé Sexuelle Suisse, soutenue par 47 autres organisations – dont Médecins du Monde -, s’y oppose fermement et appelle à reconsidérer ces coupes budgétaires.
Santé publique et coûts : une double contradiction
Le NAPS vise à atteindre zéro transmission du VIH et des hépatites B et C d’ici 2030 et à réduire les autres IST. Les coupes budgétaires annoncées compromettent ces objectifs en fragilisant les actions de prévention et l’accès aux soins pour les populations vulnérables.
Au-delà des conséquences sanitaires, ces réductions risquent aussi d’alourdir la facture pour le système de santé.
Réduire la prévention risque de faire grimper les coûts de la santé. Au contraire, lorsqu’elle est efficace, elle génère des économies.
Présidente de Santé Sexuelle Suisse et élue Les Vert-e-s au Conseil National
Selon une étude de 2019, une bonne prévention du VIH pourrait permettre d’économiser près de 8 millions de francs par an.
Les projets menacés : l’exemple de THAYS
À Neuchâtel, Médecins du Monde mène le projet THAYS, qui facilite l’accès aux soins et à l’information pour les personnes exerçant le travail du sexe – une population particulièrement vulnérable et confrontée à de nombreux obstacles (stigmatisation, mobilité, précarité, violences).
THAYS, c’est aussi un travail de prévention en santé sexuelle, au cœur des objectifs du programme NAPS : distribution de matériel de réduction des risques, dépistages gratuits, information sur le traitement post-exposition au VIH (PEP), sensibilisation du personnel de santé pour réduire la stigmatisation et améliorer la prise en charge du public.
Autant d’actions concrètes qui risquent d’être compromises par les coupes annoncées.
La lutte est loin d’être terminée. Au-delà du VIH, des infections comme la chlamydia ou la gonorrhée continuent de circuler et ont des conséquences bien réelles sur la santé, notamment sur la fertilité. C’est un enjeu de santé communautaire, mais aussi de santé publique.
Responsable du projet THAYS
Une mobilisation nécessaire
Sous le slogan « Ce n’est pas le moment de s’arrêter », une campagne nationale de Santé Sexuelle Suisse est en cours.
Elle culminera par une action publique le mardi 16 septembre, de 13h à 14h, sur la Place fédérale à Berne, réunissant organisations, parlementaires et citoyen·ne·s engagé·e·s.
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Exigences principales
- Engagement de la Suisse à mettre en œuvre le NAPS : d'ici 2030, il ne doit plus y avoir de transmission du VIH et des virus de l'hépatite B et C et une inversion de la tendance pour les autres infections sexuellement transmissibles (IST);
- Maintien et renforcement du financement du NAPS jusqu’à l’atteinte des objectifs;
- Implication des partenaires et transparence pour sécuriser la planification;
- Collaboration durable Confédération–cantons pour une prévention efficace sur tout le territoire;
- Égalité d’accès à la prévention pour les groupes clés;
- Poursuite du travail de prévention, notamment auprès des jeunes.