Bulgarie : santé environnementale et dignité

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Le réseau international Médecins du Monde intervient à Nadezhda, un quartier « ghettoïsé », coupé du reste de la ville bulgare de Sliven par un mur et les voies de chemins de fer. L’insalubrité qui règne dans le quartier mais aussi l’isolement ont un impact direct sur la santé physique et mentale ou encore le bien-être général des habitant·e·s, déjà discriminés en tant que personnes issues de communautés Roms.
Chargée de plaidoyer à Sliven, Maria Todorova porte avec l’équipe de Médecins du Monde sur place un plaidoyer de santé environnementale pour lutter contre ce cercle vicieux et améliorer les conditions de vie générales dans le quartier. Entretien.
À quoi ressemble la vie à Nadezhda ?
Les habitant·e·s de Nadezhda vivent dans des conditions extrêmement précaires. À l’origine conçu pour accueillir environ 3’000 personnes, le quartier abrite aujourd’hui près de 8’000 habitant·e·s. L’accès à l’eau potable est très limité et les coupures d’approvisionnement fréquentes. Les familles vivent parfois à six ou plus dans une seule pièce et les logements sont souvent dépourvus de toilettes, d’électricité, d’équipements d’hygiène de base et de moyens de chauffage adaptés pour affronter l’hiver.
Le quartier est totalement ceinturé par un mur de béton, ce qui renforce l’isolement des habitant·e·s. Ce sentiment d’enfermement, ajouté à l’insécurité quotidienne et aux discriminations, rend la vie à Nadezhda encore plus éprouvante.
Nous avons choisi de plaider pour l’amélioration des conditions de vie et du bien-être des habitant·e·s de Nadezhda.

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Maria Todorova, Chargée de plaidoyer chez Médecins du Monde.
Quelles sont les conséquences sur la santé ?
Elles sont multiples. Nous observons de nombreux cas de diabète et de troubles cardiovasculaires, en grande partie liés au stress. Pour se chauffer, les habitant·e·s brûlent souvent des matériaux toxiques comme du plastique ou des pneus usagés, ce qui dégage des fumées nocives et provoque des maladies respiratoires, telles que l’asthme.
L’absence d’un système de gestion des déchets et la pollution détériorent encore plus l’état de santé général. Ces conditions de vie minent aussi la santé mentale, en particulier celle des femmes, qui souffrent fréquemment de dépression. Souvent mariées très tôt, les jeunes filles sont déscolarisées et se retrouvent confinées dans leurs rôles d’épouses et de mères sans autonomie, sans échappatoire.
Comment améliorer les conditions de vie ?
En plus de nos activités de sensibilisation autour des droits sexuels et reproductifs, nous avons choisi de plaider pour l’amélioration des conditions de vie et du bien-être des habitant·e·s de Nadezhda à travers plusieurs campagnes. Nous avons proposé un questionnaire à la population du quartier pour identifier les améliorations souhaitées en priorité : la demande pour plus d’espaces verts a été unanime ! Nous visons aussi la fermeture d’un site de dépôt illégal de déchets dans le quartier, qui aggrave les problèmes sanitaires.
C’est un travail collectif : nous construisons actuellement un réseau d’acteurs locaux qui pourront poursuivre cette action après notre départ à la fin de l’année 2025 et continuer à lutter pour embellir le quartier.