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En cours de lecture Les profiteurs du système accusent les impuissants
Communiqués

Renverser les responsabilités : les profiteurs du système accusent les impuissants

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L’UDC a organisé le 2 septembre 2025 une conférence de presse pour faire porter la responsabilité de la montée des coûts de la santé sur les personnes immigrées — en proposant notamment des franchises élevées selon l’âge ou des limitations d’accès aux soins pour les requérant·e·s d’asile. Dès lors l’UDC choisi de détourner le débat de ce qui constitue réellement l’urgence : réformer notre système de santé. Ces accusations sont infondées: les requérant·e·s d’asile ne représentent que 0,56% des coûts de l’assurance-maladie obligatoire (source : asile.ch).

L’expertise de Médecins du Monde sur le terrain le démontre : le véritable problème réside dans la structure du système. Dans notre centre de soins bas‑seuil, 35 % des personnes accueillies disposent déjà d’une assurance maladie, bénéficient de subsides, ont un médecin traitant. Elles sont citoyen·ne·s suisses ou titulaires d’un permis de séjour. Et pourtant, ces usager·ère·s renoncent aux soins, non pas du fait de leur situation personnelle, mais en raison d’un système devenu inaccessible. Beaucoup font face à des coûts mensuels dépassant les CHF 400.-, malgré une couverture théoriquement solide.

En plongeant dans le système, il apparaît que certain·e·s représentant·e·s politiques sont profondément imbriqués dans les réseaux qu’ils prétendent réguler, à savoir 14% des parlementaires fédéraux sont liés au secteur de l’assurance-maladie, selon la RTS. On sait d’ailleurs aujourd’hui que 20% de ces parlementaires sont membres de l’UDC.

Ces personnalités ne cherchent pas à réformer un système dont elles profitent : elles le pérennisent. En tant que parti qui se dit proche du peuple et le plus représenté au Parlement, avec un tiers des sièges, l’UDC devrait être un moteur de changements favorables à la population. Or, avec des membres incrustés dans l’assurance et l’industrie pharmaceutique, il apparaît plus rentable pour eux de préserver le statu quo, tout en confiant le débat sur la santé à des figures faciles à blâmer : les personnes migrantes.

Médecins du Monde Suisse appelle à une transformation majeure de notre système de santé, fondée sur les propositions suivantes :

  1. Protection des plus vulnérables : garantir un accès sans obstacle aux soins pour tous·te·s, y compris les citoyen·ne·s suisses en situation précaire, souvent contraints de renoncer à des traitements médicaux.
  2. Réformes structurelles fortes : mettre en place un financement tenant compte de la capacité économique des assurés, réduire les franchises, en particulier pour les soins primaires (ou de base) et renforcer les centres de soins bas-seuils.
  3. Un vrai débat démocratique : sortir des postures idéologiques pour faire de la santé un vecteur de solidarité, non d’exclusion.

Accuser les personnes étrangères est une tactique de diversion. Ce ne sont pas les migrantes et migrants qui profitent du système, ce sont celles et ceux qui siègent dans les assurances et l’industrie pharmaceutique et en tirent de confortables revenus. Notre système de santé doit rester un pilier de cohésion sociale, pas devenir un champ de bataille idéologique.