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Suisse : MdM alerte sur l'impact de la nouvelle augmentation des primes d'assurance-maladie et appelle à une réforme en profondeur du système de santé

Articles 02.10.2024

© Cassandre Ossona de Mendez - MdM Suisse

  • Suisse : MdM alerte sur l’impact de la nouvelle augmentation des primes d’assurance-maladie et appelle à une réforme en profondeur du système de santé

Médecins du Monde a pris acte de la nouvelle augmentation des primes d’assurance-maladie pour la troisième année consécutive. Cette hausse exerce une pression croissante sur les ménages : le risque de ne plus pouvoir boucler les fins de mois ni accéder aux soins essentiels s’accroît encore pour un spectre toujours plus large de la population suisse. Ces conditions impactent non seulement la santé physique, mais également la santé mentale, sapant la sérénité nécessaire à laquelle tout un chacun devrait pouvoir aspirer.

Malgré les subsides cantonaux, un assuré sur sept renonce aujourd’hui à des soins pour des raisons économiques. Selon l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), 13 % des personnes résidentes en Suisse déclarent renoncer à des soins essentiels faute de moyens financiers. Un nombre croissant de personnes se tourne vers des modèles d’assurance avec des franchises élevées. Confrontées à un problème de santé elles renoncent ou tardent à consulter par manque de ressources aggravant leur maladie. Cette tendance, accompagnée des propositions du Parlement d’augmenter la franchise minimale, fait reposer le poids des hausses sur la responsabilité individuelle, ce qui aggrave encore la situation des plus vulnérables.

 

Le vieillissement de la population : une réalité, mais un faux alibi

Si le vieillissement de la population explique une partie de l’augmentation des coûts, cet argument est souvent utilisé pour éviter de traiter les questions de fond concernant le financement du système de santé. La population de plus de 65 ans qui sollicite le plus de soins va doubler d’ici 30 ans. Il devient urgent de réfléchir à de nouvelles sources de financement. Continuer de faire reposer ce fardeau sur un système de primes par tête, particulièrement injuste, ne peut plus être une solution. De plus, bien que des gains d’efficience soient possibles dans d’autres parties du système de santé, il est impératif d’explorer de nouvelles pistes pour financer les soins des générations futures, notamment pour les personnes âgées de plus de 80 ans. De ce point de vue, l’initiative des cantons romands pour un financement spécifique de certaines prestations pour les personnes du 4ème âge est à saluer.

 

Pour une approche globale de santé publique qui ne laisse personne de côté

Les solutions politiques actuelles se concentrent essentiellement sur le financement des soins, négligeant une vision plus large et nécessaire de la santé publique. Conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un système de santé doit non seulement viser à améliorer la santé des citoyen·ne·s, mais également à les protéger des coûts financiers liés à la maladie. Sans conteste, le potentiel de la prévention et de la promotion de la santé n’a pas encore été pleinement exploité en Suisse, faute de financements suffisants et de base légale adaptée. Aussi, la gouvernance du système de santé nécessite une réforme majeure, et une loi fédérale sur la santé, comme proposée par l’Académie suisse des sciences médicales, serait un premier pas dans cette direction.

 

Le développement de nos activités en Suisse, miroir d’un système de santé défaillant

Face à l’augmentation des primes et aux défis croissants auxquels le système de santé fait face, nous plaidons aujourd’hui pour défendre les intérêts des plus vulnérables, mais également de l’ensemble de la population. La santé est un droit fondamental qui doit être garanti à toutes et tous, indépendamment de la capacité financière. À travers nos projets en Suisse tels que la Maison de Santé à La Chaux-de-Fonds ou le CASO à Yverdon-les-Bains, nous contribuons à la prévention et à la coordination pour l’accès aux soins des personnes en situation de précarité. Face à un système privatisé basé sur le profit, nous nous engageons par les actes et par les droits à travers nos plaidoyers et nos activités sur le terrain. Plus que jamais, une réforme en profondeur du système de santé suisse doit s’imposer pour permettre à toutes et tous un juste accès aux soins de santé.