Les « empêcheurs » de guerre

Tribune libre

Les médecins sont des gêneurs. Ils luttent contre la disparition du secret médical, se battent contre les assureurs et les politiciens pour défendre leurs patients. Comble d’arrogance, ils se permettent aussi d’aller soigner des gens près des lignes de fronts. En plus avec d’autres soignants (infirmières, physiothérapeutes, logisticiens, etc), ils osent témoigner, montrer ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent à la face du monde. Ces brandisseurs du serment d’Hippocrate dérangeant trop, ils deviennent alors des cibles. On pulvérise leurs hôpitaux et leurs blocs opératoires.

Ne faites pas l’erreur de croire à des dommages collatéraux ou à des bavures ! En Afghanistan, au Yémen, en Syrie, le personnel médical paye le prix fort pour continuer à maintenir une certaine dignité humaine, même dans la guerre. L’impartialité ne suffit plus pour rester en vie ; nous gênons beaucoup trop les combattants de tout bord alors on nous élimine.. et tant pis pour la population civile.

Continuer à rester le seul espoir pour des gens blessés et malades tout en restant en vie devient le défi majeur du personnel humanitaire et de leurs institutions ! Seule une mobilisation générale de la société civile  qui réveillera ses politiciens endormis pourra soutenir les revendications légitimes des organisations humanitaires qui demandent des commissions d’enquêtes indépendantes. Les excuses et les regrets ne suffisent pas.

Allo Stockholm, peut-on enlever un prix Nobel de la paix ?

Dr Alain Lironi
Chirurgien pédiatrique, ancien membre du comité de Médecins du Monde Suisse.
En 2015, Alain Lironi a fait une mission avec MSF au Soudan.