20 juin : Journée Mondiale des Réfugiés

L’EUROPE NÉGLIGE LES BESOINS FONDAMENTAUX DE MILLIERS DE PERSONNES

Dans un contexte de crise humanitaire sans précédent, cette journée symbolique du 20 juin, dédiée à tous les réfugiés, vient rappeler que le droit humanitaire international et le droit d’asile sont quotidiennement bafoués en Europe. Médecins du Monde, association médicale de solidarité internationale qui vient en aide à ces personnes depuis près de 40 ans, s’alarme de leur grande vulnérabilité dans leur pays d’origine, dans les pays d’accueil et sur les parcours migratoires. Notamment en Grèce où transitent des centaines de milliers de réfugiés.

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord entre l’Union Européenne et la Turquie, 50.000 réfugiés sont bloqués en Grèce et survivent dans des conditions sanitaires dégradées. Face à cette crise, l’ensemble du réseau européen de Médecins du Monde s’est mobilisé et a renforcé ses équipes soignantes.

Présent aujourd’hui dans 28 lieux différents en Grèce, en intervenant directement dans les camps ou grâce à des cliniques mobiles, Médecins du Monde délivre chaque jour des centaines de consultations médicales et psychologiques.

En 2015, plus de 30.000 consultations ont été réalisées à Lesbos et Chios ; 14.000 à Idomeni. Nous avons soigné en priorité les personnes les plus vulnérables, toujours plus nombreuses, comme les femmes enceintes, les enfants, les personnes blessées ou malades chroniques.

Afin de mieux répondre aux besoins fondamentaux de ces personnes, nous avons également mené une enquête auprès de ces réfugiés, venant principalement de Syrie. 86% des personnes interrogées ont déclaré avoir subi des violences dans leur pays d’origine et/ou au cours de leur parcours migratoire. Les plus jeunes fuient pour échapper à un enrôlement militaire forcé ; les femmes seules avec enfants, sans protection, cherchent à rejoindre leur famille installée en Europe.

En Turquie, pays par lequel ils transitent, certains réfugiés se sont vus contraints de payer 500 $ pour accéder à un camp de réfugiés. Parmi ceux qui ont réussi à trouver un travail, la grande majorité était payée 30 % de moins qu’un travailleur de nationalité turque. De nombreux faits de violence de la part de la police turque nous ont également été rapportés.

Toutes ces expériences traumatiques ont des conséquences dramatiques pour ces personnes. L’état de santé physique et mentale de celles qui sont parvenues à atteindre l’Union européenne via la Grèce, en survivant à la traversée de 10 kilomètres qui la séparent de la Turquie, est extrêmement dégradé.

Seuls 14 % d’entre elles se déclarent en bonne santé quand plus des ¾ des réfugiés reçus dans nos structures considèrent qu’ils sont en souffrance psychologique. Celles et ceux qui restent en Grèce survivent parqués dans des camps à ciel ouvert avec d’immenses besoins médicaux.

Face à ce constat, nous continuerons à condamner l’accord UE‐Turquie qui bafoue le droit d’asile et les conventions de Genève. Les réfugiés prennent aujourd’hui de plus en plus de risques pour rejoindre cette Europe forteresse et le nombre de morts reste inadmissible. Nous redisons l’impérieuse nécessité d’ouvrir des voies d’accès légales et sécurisées pour toutes ces personnes, avec la possibilité de demander le droit d’asile dans le pays de leur choix. L’Union européenne doit respecter les droits fondamentaux de ces réfugiés en assurant tout au long du parcours migratoire une protection spécifique des femmes et des enfants, qui représentent désormais la majorité d’entre eux.