La crise socio-économique que traverse Haïti depuis plusieurs années s’est intensifiée en 2021 avec l’établissement et l’expansion des gangs armés, le déplacement interne conséquent de presque 20’000 personnes, de nombreux cas d’enlèvements et la pandémie de Covid-19 qui a ralenti les actions humanitaires et augmenté les violences envers les femmes. Notre but est d’augmenter l’accès de la population locale aux soins de santé et à la qualité des services de santé, ainsi qu’à faciliter la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre.

Objectif du projet et activités

Accompagner les partenaires locaux et les institutions locales dans la prévention, l’éducation et la prise en charge des violences basées sur le genre et de la santé sexuelle en région goâvienne. 

Afin d’atteindre cet objectif, nous avons mis en place les actions suivantes :

  • La sensibilisation et l’information dans les communautés et les écoles.
  • Le renforcement des connaissances et des capacités des différent·es acteur·rices intéressé·es dans la prise en charge des violences basées sur le genre, à savoir les acteur·rices de santé, la police et la justice. Ceci se fait à travers des formations, équipements, médicaments, support à la collecte de données et supervision.
  • Les activités de coordination des acteur·rices et de facilitation du dialogue et soutien aux activités de plaidoyer des associations féminines leaders de la société civile.

Contexte – une population privée de tout

Les crises politiques incessantes, illustrées encore récemment par les nombreuses manifestations violentes, ont continué d’affaiblir une gouvernance haïtienne. Les ravages suite au passage de l’ouragan Matthew en octobre 2016 ont également fait resurgir les difficultés économiques et sociales d’un pays qui vit toujours dans une précarité silencieuse.

Avec une espérance de vie estimée à 64 ans et un taux d’alphabétisation d’à peine plus de 60%, Haïti se classe 170ème pays mondial sur 189 en 2020, selon l’Indice du Développement Humain (IHSI). Au niveau des inégalités de genre, Haïti se classe en 152e position. Un tiers des femmes et des filles haïtiennes continuent d’être victimes d’actes de violence fondée sur le genre, mais leur accès à des espaces sécurisés et à une protection juridique effective demeure limité en raison de la faiblesse du système judiciaire national.

Depuis les années 1980, la croissance économique annuelle moyenne d’Haïti est en retrait par rapport à son expansion démographique. À l’heure actuelle, Haïti est la nation la plus pauvre des Amériques. La croissance irrégulière du PIB, due notamment à la sous-performance du secteur agricole et à des contractions fortement accusées à la suite de catastrophes naturelles, fait que 59% des Haïtiens vivent aujourd’hui dans la pauvreté et 18,5% dans l’extrême pauvreté.

Dans ce contexte difficile, le système de santé en Haïti reste toujours marqué par d’importantes iniquités et de fortes disparités dans l’accès aux soins, c’est pourquoi Médecins du Monde (MdM) s’engage auprès des populations sur le long terme.

Médecins du Monde, un engagement sur la durée en Haïti

Présent depuis 1995 en Haïti, Médecins du Monde Suisse a accompagné l’Unité Communale de Santé (UCS) de Petit-Goâve en coordonnant des projets en accord avec les politiques nationales de santé. Active notamment dans le domaine de la malnutrition, MdM Suisse a été un acteur clé dans la gestion de l’Unité de Stabilisation Nutritionnelle (USN) de Petit-Goâve et a appuyé de nombreuses années le volet de la santé communautaire en zone goâvienne. La santé sexuelle et reproductive et la santé de l’enfant ont toujours été au cœur des projets menés par les équipes pluridisciplinaires de Médecins du Monde, dont l’un des principes d’action repose sur le renforcement de la gouvernance locale. Depuis 2017, Médecins du Monde mène ce projet lié à la santé sexuelle et reproductive et aux violences basées sur le genre.

Afin de garantir une action efficace et des effets durables, les activités de MdM visent à l’autonomisation de la communauté et des institutions locales. Dans ce sens, le projet cherche non seulement à améliorer la qualité et l’accès aux services de santé, mais aussi à changer la perception et le comportement de tous les groupes impliqués.

A Petit-Goâve, MdM Suisse partage ses bureaux avec MdM Espagne et collabore avec cet autre chapitre sur la thématique de la santé de la reproduction et la prise en charge des violences.

Les chiffres-clés

En 2021 :

  • 139 survivant·es pris·es en charge psychologiquement
  • 165’333 personnes sensibilisées sur la santé sexuelle et les violences basées sur le genre
  • 51 établissements scolaires sensibilisés, soit 3’396 élèves, 846 parents et 97 enseignant·es
  • 113 personnels de santé formés
  • 20 personnels de la justice, de la police et des autorités locales formés sur les violences basées sur le genre
  • 66 personnes formées sur la médiation familiale
  • 1 organisme étatique appuyé sur la gestion des données

HAITI

Auprès des communautés les plus marginalisées