Les violences basées sur le genre concernent la majorité des béninoises

Au Bénin, les violences basées sur le genre (VBG) concernent la majorité des femmes et des filles : 69 % des Béninoises disent avoir subi au moins une fois dans leur vie des violences. Les abus sexuels et les viols sont des faits graves et impactent l’ensemble du parcours de vie : ils englobent les souffrances physiques et mentales.

Depuis le début des années 2000, la République du Bénin a mis en place un arsenal juridique et institutionnel pour promouvoir l’égalité des genres et protéger les droits des femmes et des filles. Une loi promulguée en 2012 portant sur la prévention et la répression des violences faites aux femmes a permis l’élaboration d’un plan d’action pour la lutte contre les violences à l’égard des femmes. Toutefois, les textes de loi restent peu appliqués et le nombre de cas déférés à la justice reste faible. Ceci s’explique notamment par les difficultés que les femmes rencontrent à accéder à la justice, les procédures judiciaires étant méconnues, complexes, longues et couteuses. En 2012, le Président de la République a pris un décret portant création de Centres Intégrés Départementaux de coordination pour la prise en charge des victimes de VBG (CIPEC).

Renforcement des capacités institutionnelles et communautaires

Depuis 2018, l’appui de Médecins du Monde aux trois centres de prise en charge existants a dynamisé leur fonctionnement. Leur fréquentation a augmenté de manière significative (729 victimes ont été accompagnées en quatre ans entre 2014 et 2017, 489 victimes en 2018, 622 en 2019 et 814 en 2020).

Sur les 12 départements que compte le pays, seulement trois disposent d’un centre répondant aux normes du décret initial. Dans les départements où il n’existe pas de centre, aucun dispositif durable de prise en charge holistique des victimes n’est disponible. Pour Médecins du Monde, l’année 2020 a permis – avec le soutien de l’UNICEF – de continuer à appuyer ces trois centres de prise en charge, mais également d’en développer un nouveau sous une forme inédite dans le département de l’Alibori.

Promotion de la culture de l’égalité des genres et de la non-violence

Le travail de prévention de Médecins du Monde dans les communautés a amorcé des changements de pratiques. Des méthodologies innovantes et participatives d’animation ont prouvé leur efficacité. Les populations signalent davantage les cas de VBG et la collaboration entre les groupements communautaires et les acteurs de prise en charge est améliorée.

Le théâtre-forum sur la masculinité positive, la promotion de l’égalité des genres et la non-violence, est une des animations de sensibilisation menée par Médecins du Monde. Dans les faits, la plupart des activités de sensibilisation mettent l’accent sur les violences, leurs conséquences, les textes juridiques, etc. Rares sont les messages qui visent un changement de comportement pour préserver l’harmonie dans les familles et les communautés. Selon le principe du théâtre-forum où les spectateurs sont invités à prendre la place des acteurs à des moments clés de la mise en scène, notre partenaire, l’association culturelle Thakamou, invite les communautés à réfléchir sur la question des VBG. Cette démarche méthodologique a l’avantage d’être adaptée à un public analphabète et sa nature participative facilite la mobilisation et maintient l’attention du public durant les séances.

Des campagnes de communication plus traditionnelles sont aussi déployées. En 2020, une grande campagne sur la prévention des violences et les mécanismes d’aide existants a eu lieu dans le pays. Réalisée au niveau national, elle a été diffusée sur divers médias (réseaux sociaux, TV, radios, affichage, réseaux mobile) afin d’atteindre le maximum de personnes.

 

Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a créé une détérioration de la situation des VBG dans plusieurs pays. Les situations de confinement ont augmenté le risque de violences au sein des familles, dont la violence domestique, comme souligné par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP). Bien qu’aucun confinement n’ait été imposé au Bénin, les mesures de quarantaine et le stress associé à l’épidémie ont augmenté les tensions dans les foyers. La baisse des revenus économiques informels a ajouté des tensions et des risques d’exploitation économique des enfants. Dans le même temps, les victimes de VBG ont davantage de difficultés à accéder aux centres de prise en charge et ont peur des risques d’infection en cas de consultation aux centres.

Nous restons mobilisé·e·s, plus que jamais !

Les autres projets du pays

  • Lutte contre les violences à l'encontre des enfants : les familles et les écoles pour une parentalité positive !
  • Les leaders communautaires s'engagent !
  • RESPECT des droits à la santé sexuelle et reproductive des adolescent·e·s et des jeunes